Bernard Zimmermann fait partie de cette race d’homme forgé dans l’acier trempé. Ce polyglotte, natif d’Oran, respire l’humanisme et la fraternité. La moustache fournie et l’œil averti, il peut scruter votre âme en quelques minutes de discussion. Cet ancien instituteur, à l’oreille attentive et au phrasé courtois, ne vous laisse pas indifférent quand vous croisez son chemin. Portrait d’un homme qui croit en l’Homme malgré la vanité, la lâcheté et la barbarie de ce dernier.
Il était à La Source mi-décembre pour me rendre visite, avec sa petite silhouette et son teint hâlé je ne pouvais pas le rater à la descente du tramway, station de l’indien.
Humble
Parler avec Bernard Zimmermann, c’est avant tout l’assurance d’être écouté attentivement. Vous relançant, de temps en temps, pour extraire votre récit, à l’aide de sa voix chaude, sentant bon les terres andalouses et oranaises réunies. Pas cabot pour un sou, il a ce trait de caractère des gens qui ont atteint le summum de l’intelligence, l’humilité ! Humble et sage voila la définition qui lui sied à merveille. Il a dû en voir des loustics au long de ses 70 années d’existence. L’esprit toujours alerte, il ne perd pas une miette des rencontres qu’il peut effectuer de-ci de-là. Cet homme est un puits de savoir qui abreuve, abondamment, les assoiffés de culture comme moi.
Infatigable pédagogue
Président d’une association interculturelle en banlieue parisienne, il n’a de cesse de travailler, bien qu’il soit à la retraite. Cet ancien instit et géographe sait mieux que quiconque, que la pédagogie est une arme contre les dégâts de la pauvreté. Intervenant dans des cités et des établissements scolaires de l’Essonne, il se bat comme un damné pour faire coexister les cultures et les esprits. Il est comme ça, Bernard Zimmermann, pied noir au cœur blanc ! Cet homme fidèle en amitié semble être en décalage avec les gens de sa génération, plutôt conservateurs et renfermés.
Aujourd’hui, j’en sais un peu plus sur ce pudique homme, grâce à son dernier opus « Une amitié algérienne », aux éditions l’Harmattan. Ce digne fils d’Albert Camus nous plonge dans l’Algérie française et toutes les tourmentes qui en découlent. J’ai compris aussi que l’on oubliait, très souvent, ce bien inestimable qu’est l’amitié. Et pour peu qu’on l’alimente, elle devient fraternité…
Biblio :
Quel orage, ô mon cousin Noé ! (Images et récits d’Algérie, préface de Marc Ferro) aux Editions Fanlac 1986
Cuisine et culture des pieds-noirs d’Algérie aux Editions Orion 1989
Présentation et notes du texte du peintre antinazi Erwin Bowien : Heures perdues du matin (Journal de clandestinité, Alpes bavaroises, 1944-1945) aux Editions L’Harmattan 2000
Retours de mémoires sur l’Algérie, en collaboration avec Michel Laxenaire aux Editions Bouchene 2003
Paroles immigrées en collaboration avec Nora Aceval (Préface de Habib Tengour) aux Editions L’Harmattan 2008
Une amitié algérienne (Roman) aux Editions L’Harmattan 2011